Le village

Les Débuts

A la fin de l’âge de bronze fut érigée, sur la colline du Monthoux, une première agglomération. Les habitations, faites de torchis et de paille, étaient protégées des loups, ours et autres sangliers par une palissade de pieux et d’épines.

Les châteaux

latour2Au XIII° siècle, le village est pourvu d’un appareil de défense important : Le château des Terreaux, construit en 1248 par Etienne II de Thoire, était une véritable forteresse dont ne subsiste aujourd’hui que la tour.

Les vestiges sont hauts d’environ 15 mètres et les murs sont épais de 2 mètres. La photo ci-contre date du début du 20ème siècle (vers 1905).

Au pied de la tour ont été trouvés, à maintes reprises, des monnaies de Savoie, de France, ainsi que des armes, des haches, des armures, ainsi que des ossements humains.

Dans le quartier de château Bruneau, sur l’emplacement de la Cure, se dressait le chateau du même nom.  Ce nom vient de Brunehaut, reine d’Austrasie, qui, par ses dons, y aurait permis une fondation monastique.

Le château des Islettes, au bord de l’Oignin, gardait les moulins.

Rubrique La Tour

Histoire

En 1948, un cimetière gallo-romain fut découvert sur « le Chut ».
L’étude du mobilier permet d’estimer que la nécropole a pu être utilisée depuis le IV° et le V° siècle après J.C. probablement jusqu’au milieu du VIe siècle.

Ce qui est certain, c’est que vers 760, les abbés de Nantua fondèrent à Saint-Martin un prieuré rural.
Le village, comme Nantua, fut dévasté par les Hongres. Le prieur demanda alors la protection des puissants Sires de Coligny qui défendaient le Revermont et le Bugey contre les envahisseurs. Ce droit de protection fut transmis plus tard aux Sires de Thoire et Villars.

En 1145, le pape Eugène III confirme l’abbaye de Nantua dans la possession de la paroisse de Saint-Martin.

En 1212, Bernard, évêque de Belley délimite le territoire de Saint-Martin d’avec celui de Port.
Au même moment, les habitants traitent directement avec les chartreux de Meyriat des dîmes que ceux-ci exigent sur les terres cultivées et défrichées.

Les sires de Thoire disputent aux prieurs de Nantua la suzeraineté de ce lieu en invoquant leur droit de garde. Après une lutte violente, un traité de paix est signé en 1248.
Boniface de Savoie, prieur de Nantua confie « la garde » de la paroisse (prieuré- village- châteaux-forts) à Etienne II de Thoire-Villars.

En 1251, Béatrice de Faucigny, veuve d’Etienne II, récompense les habitants de Saint-Martin en leur concédant les Forêts noires et autres territoires, car ce sont eux qui ont délivré son fils Humbert III, capturé par les Nantuatiens. Elle les affranchit également de la mainmorte.

En 1303, l’Inquisiteur, frère de Guy de Coligny alors prieur de Nantua, en mission « croit » découvrir des hérétiques à Saint-Martin et veut les incarcérer dans la prison du château, les habitants s’y opposent. Saint-Martin est alors excommunié et condamné à une amende de 1000 livres.
On fait appel à l’Abbé de Cluny qui arbitre en faveur d’une paix sans représailles. Saint-Martin fait amende honorable et en décembre 1303 on fête Noël au son des cloches.

En 1330, les Comtes de Savoie en conflit avec Humbert V de Thoire-Villars s’emparent du village qui est repris quelques années plus tard et confié à Jean-de-Bonaz un des plus fidèles chevaliers du Sire de Thoire-Villars.

En 1355, à la suite d’un traité signé entre Jean de Nogent, prieur de Nantua et Humbert de Thoire-Villars, Saint-Martin est déclaré ville franche.
En 1356, la châtellenie de Saint-Martin est délimitée d’avec les châtellenies voisines.

En 1374, Humbert VI céde la moitié du village à André de Moyria pour 1000 florins d’or.
La maison de Maillat la posséda jusqu’en 1789.

Au seuil du XV° siècle la puissance savoyarde s’affirme :
En 1402, Humbert VII de Thoire-Villars cède ses droits à Amédée de Savoie ; celui-ci acquiert en 1414, ceux que prétendait détenir sur Saint-Martin, Philippe le Hardi, au nom duquel le seigneur de Vergy avait occupé le château en 1401.
Ainsi, Saint-Martin changea de suzerain tout en conservant ses 2 seigneurs directs- le prieur de Nantua et Perceval de Moyria, seigneur de Maillât à qui la moitié du village avait été inféodée.

Au cours du XVe siècle, les San-Martinois continuent leurs chicanes à propos des forêts et des pâtures avec le village de Chevillard, la Chartreuse de Meyriat, les officiers de Savoie. Une transaction intervint en 1450.

En 1536, Saint-Martin prête serment de fidélité à François 1er.

En 1639, une épidémie de peste décima le village qui, en 1688, ne comptait plus que 200 habitants.

Lors de l’enquête Bouchu (1666-1670), la paroisse de Saint-Martin comprend les hameaux de Chevillard, Maillât et Port. Elle possède aussi 10 granges à vaches où l’ »on retire le bétail en été ».
Le fief avec le château ruiné et sa tour, appartient au marquis de Luilin de Coudre et au baron d’Achey pour moitié et au prieur de Nantua, Tanneguy de Massac pour l’autre moitié.
La paroisse compte 60 maisons au village, les habitants sont tous agriculteurs sauf trois ou quatre. Ils supportent de lourdes charges : tailles, redevances, servis, entretien des « ponts et des cinq planches », église, clocher… L’église sous le vocable de Saint-Martin possède 5 chapelles prébendées.

En 1694, un incendie ravage le village.

Comme dans toutes les communautés du Haut-Bugey, la population s’accroît au XVIIIe siècle : 139 feux en 1709, 914 à la veille de la révolution.
Le 16 mars 1789, Saint-Martin est représenté à l’assemblée préparatoire du Bugey à Belley par Anselme Tournery et F. Burdet. Les cahiers de doléances comportent 11 articles et la signature de 34 habitants.
Certaines familles existent encore au village : Goyffon, Rosset, Gourmand, Duport, Rambert, Tissot, Benoit, Simon, Bornaret, Burdet, Allombert, Thevenet, Tournery.
Le 14 juillet 1790, François Tournery, lieutenant, est parmi les députés de l’Ain envoyés à Paris pour la fête de la Fédération.
Le 23 janvier 1791, le curé Louis Levrat et le vicaire Jean-Claude Carron prêtent serment. François Burdet est maire.
Le 14 mars 1791, Saint-Martin reçoit 12 fusils du département. La municipalité dresse une liste de 133 hommes de 18 à 40 ans, capables de porter les armes et de pouvoir marcher au besoin pour la défense du pays.

En pluviôse an II (février 1793), le maire écrit : « les citoyens n’ont jamais donné dans la superstition ni le fanatisme ; ils ont fait tout ce qui leur a été prescrit par les décrets et les arrêtés des représentants du peuple ; ils espèrent que la Convention maintiendra son décret qui prohibe toutes violences et mesures contraires à la liberté du culte« .
Le 13 ventôse an II (mars 1793) on démolit le clocher. Pascal Foraz est maire.
En messidor an II (juillet 1793) Paul Rosset est président du Comité de surveillance.

La statistique de Bossi, préfet de l’Ain en 1808 signale une population de 1015 habitants.

En 1814, lors du passage des Autrichiens, les habitants de Maillât se réfugient à Chamoise. Les Autrichiens les y poursuivent et mettent le feu à toutes les granges.

A la fin du XIXe siècle, Gaudet, premier syndic des États du Bugey, se fait l’apôtre de l’industrialisation des campagnes et préconise surtout l’extension des industries textiles.
Saint Martin du Fresne est une paroisse grosse productrice de chanvre, elle le vend à l’état brut.
Vers 1900, Saint-Martin compte 750 habitants et couvre 1914 ha.

Légendes

La sorcière Bistie :

Une légende prétend que, marchande de chiffons à Nantua, elle joua maints mauvais tours à la bergère Sinette, celui entre autres de faire sauter toutes ses chèvres dans le « puits perdu », puits sans fond situé sur le plateau de Chamoise.
Un jour d’orage, Sinette trouva abri sous un sapin, la sorcière la rencontra et la menaça. C’est alors que la foudre frappa et hélas, tua la pauvre bergère. Le sapin, épargné, fut respecté par les bûcherons… il sera finalement abattu en 1861, sur ordre de l’inspecteur des forêts.

Quant au « puits perdu », il existe toujours. On raconte qu’autrefois, le grand brochet du lac s’y était réfugié, les habitants de Chamoise lui jetaient en pâture leurs bêtes malades ou crevées (d’après Auguste Arène).

Savez-vous que … ?

histoire3En 1953, au cours de terrassements dans le quartier de Longeville, on mit à jour un vase en terre contenant environ 2000 deniers d’argent des XIII° et XIV° siècles, de 48 variétés.

De provenance semble-t-il provençale, l’origine exacte de ce trésor n’a jamais été découverte.